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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 05:20

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DSC06136 Parti d’El Chalten avec le vent dans le dos, je suis comme propulsé vers l’Est à grande vitesse ! Comme il est bon d’avoir cet élément pour allier pour une fois. Les 90 km le long du lago Viedma jusqu’au croisement avec la route 40 sont vite engloutis. A cet endroit précis je retrouve JB et Clémence et fais alors route avec eux, mais cette fois-ci avec un vent peu favorable. Cela dit, les 115 km effectués sont passés comme une lettre à la poste. Nous nous arrêtons pour un bivouac à l’abri et retrouvons des têtes connues.
Romulo, les espagnols, le couple d’argentins et aussi un japonais croisé le jour même, une tripotée de cyclo se retrouve tous simultanément au même endroit, le seul endroit des lieux à la ronde où il y a des arbres. Nous sommes 9 au total et sommes tous affamés, alors chacun fait sa popote. C’est simple, mais efficace : pâte, riz, semoule ou polenta, ça remplit et c’est bon ! Les prochaines journées s’annoncent encore longues alors au lit. Le sommeil est aussi important que l’alimentation, voire plus ! DSC06137

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Le matin, je pars le dernier (mais arriverai le premier en fin de journée !). Je vais à mon rythme, je prends mon temps avant de rouler et après avoir roulé et fais la sieste après déjeuner, mais une fois sur le vélo, je turbine ! Et par ce beau temps, il est bon de se défouler. Calme en début de journée, le vent se lève en fin de matinée pour ne plus nous quitter. De face ou de côté, il est redoutable et fait chavirer ma monture, mais je tiens bon, fort de mon expérience en Patagonie argentine plus au Nord… DSC06145
DSC06148 Les rafales sont puissantes, je plie comme le roseau, mais ne romps point ! Néanmoins, l’effort coûte en calories alors je me gave, ce qui me donne de l’énergie et me leste également, enfin c’est ce que j’espère… Le vent ne me lâche pas et le relief me fait faire du dénivelé aujourd’hui, mais j’ai la patate ! La vue sur le splendide lago Argentino d’un bleu turquoise glacial me transporte loin… et au loin je vois mon premier iceberg, un avant-goût du grand Sud de l’Amérique du Sud.

 

Mentalement et physiquement prêt à affronter toutes les épreuves du voyage, quelles qu’elles soient, je conçois la difficulté comme une opportunité et non comme un obstacle. 

Un petit col au menu du lendemain, mais je ne peux me retenir alors j’en mange un morceau, mais trouver le lieu du bivouac n’est pas chose facile dans cette steppe… Une seule estancia peut m’offrir un endroit à l’abri du vent, mais le terrain est caillouteux et je casse des sardines, il me faudra absolument en acquérir de nouvelles prochainement, car sinon avec ce vent, je risque de revivre la nuit épique que j’ai connu quelques milliers de kilomètres plus au nord. Vaut mieux prévenir que guérir ! DSC06156
DSC06168 Le lendemain, la route est longue, très longue et fatigante : après 45 km m’attendent quelques 75 km de ripio, autrement dit de piste en mauvais état ! L’herbe jaune à perte de vue n’est pas sans me rappeler l’altiplano péruvien ou bolivien. Dans ce décor de pampa évoluent paisiblement des guanacos et des chevaux ainsi que des Nandous (de la famille des émeus), des condors et autres volatiles en tout genre. Le terrain n’est en rien roulant, mais j’ai faim de kilomètres, difficiles ou faciles, alors je roule.

 

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Au loin, j’aperçois le massif du parc Tores del Paine au Chili, futur terrain de jeu dans lequel je compte aller randonner quelques jours en itinérant. Je troquerai mes sacoches pour un sac à dos afin d’arpenter ces montagnes à pied ! Mais avant ça, il me reste encore de l’asphalte et du vent… Je suis quand même épargné pour cet avant dernier jours, les rafales ne sont pas très fortes, mais cette grosse centaine de borne m’a quelque peu usé, mais je ne m’arrêterai pas avant d’avoir rejoint Tapi AIke. DSC06164.JPG
DSC06176 A cet endroit se trouve un « campamiento vial », i.e. des baraquements routiers. Je compte bien dormir en dur après ces 3 jours de steppe avec en moyenne 110 km effectués chaque jour. Par chance, Fabian, le personnel de garde, m’accueille sans problème. Il m’attend une douche chaude, un toit, un lit, un endroit chauffé, un bon repas, mais surtout une fois de plus la générosité. Je m’en nourris plus que tout le reste et mon hôte aussi à vrai dire. Pendant que l’asado cuit, je me délasse sous l’eau chaude…
Au cours du repas, Fabian me confie qu’il est content d’avoir de la compagnie, lui qui reste ici, dans ce campamento isolé, 15 jours d’affilé par mois, passant l’autre quinzaine chez lui à Rio Gallegos en repos. Le plaisir est partagé ! A sa demande, je lui file de la musique sur son smart phone encore vide (et dont il ne sait pas trop se servir). Le voilà tout heureux quand il voit qu’il a maintenant 600 titres dans son gadget. Nous passons un bon moment à discuter tout en dévorant des quantités impressionnantes de viande ! DSC06177
DSC06165 Encore une journée de vélo me sépare de Puerto Natales où je me poserai un peu avant d’aller marcher. Rempli et heureux d’avoir une fois de plus été hébergé et d’avoir partagé de bons moments, je trace ma route et mange encore 110 km ce mardi 5 février. Le vent me pousse dans un premier temps, puis vient de face et me fait forcer sur mes cuisses pour atteindre la frontière chilienne une seconde fois. Ces 4 dernières journées, ce ne sont pas moins de 440 km que j’aurai avalé avec ou sans vent.

 

Prochaine escale Natales, où je trouverai un foyer bien plus qu’accueillant…

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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 05:19

Humble face à la nature, à fond se vit l’aventure !

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DSC06027 Dans la petite bourgade touristique d’El Chalten, je suis accueilli chez Ariane et son ami. C’est une amie à Laurent avec qui j’ai roulé en Bolivie. Installée depuis quelques mois dans ce village au pied du somptueux Fitz Roy, elle travaille comme guide pour cette saison. Le feeling passe bien avec ma nouvelle hôtesse, cette dernière à la même philosophie de vie et compte bien vivre pleinement ! Nous partageons de bons repas autours de bons vins, ce qui me change de mes repas basiques et de es pic-nic.
Avant de randonner dans la région, je me repose après ces quelques 1 500 km dégustés ces 25 derniers jours. Les courses creusent un trou dans mon porte-monnaie, tout est très cher à El Chalten, mais bon, il faut bien se faire plaisir ! En fin de journée, je retrouve JB, Anaïs et Claire (qui voyagent en sac à dos), et nous croisons par hasard Clémence, la bretonne, avec qui nous avons roulé sur la carretera austral. Le groupe est formé pour aller marcher, nous somme prêt à arpenter les sentiers les deux prochains jours. DSC06083 

 

Je vous laisse apprécier les décors de cette région forte en caractère… 


Randonnée du Fitz Roy

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Randonnée du Cerro Torre

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Prochaine étape : le Chili et la région de Puerto Natales…

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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 03:21

L’aventure au bout des roues pour un parcours sans dessus-dessous !

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La carretera austral enfin quittée, une traversée en bateau m’attend, moi et d’autres cyclovoyageurs, afin de rejoindre Candelario, là où le terrain va se corser… De bonne heure, le bateau quitte l’embarcadère à une petite dizaine de kilomètres de Villa O’Higgins avec à son bord des « mochilleros » (voyageur avec sac-à-dos) et cyclovoyageurs.

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JB et moi rencontrons des argentins, des français, des espagnols, des belges, etc… Il semblerait que tous les cyclos en route pour l’extrême sud se rejoignent tous dans cette région. Il n’est d’ailleurs pas rare que nous connaissions les mêmes personnes, d’autres voyageurs rencontrés sur les routes sud-américaines. Nous avons le sentiment d’appartenir à une communauté qui se connait et se reconnait ! Nous voici partis sur les flots de ce grand lac O’Higgins en direction d’un minuscule port. DSC05788
DSC05789 Les autres passagers du bateau sont pour la quasi majorité des « mochilleros » qui vont emprunter le même chemin que nous pour aller plus au Sud, vers El Chalten. Et ce chemin est beaucoup plus approprié à ces globe-trotters plutôt qu’à nous autres « globe-rouleurs » ! Qu’à cela ne tienne, l’aventure, c’est l’aventure et, pour ma part, j’ai faim et ai hâte de me lancer dans les 25 km de parcours accidenté… Pour le moment, nous débarquons et nous préparons en accrochant correctement nos sacoches.
   
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Le top départ est donné lorsque le soleil atteint le zénith ! JB et moi partons avant les autres cyclos, mais après les marcheurs, qui ont vite fait de nous distancer sur ce début de parcours, lequel monte beaucoup et qui est surtout recouvert d’énormes pierres nous empêchant de tenir debout sur nos montures qui dérapent et qui se cabrent comme des chevaux. L’effort est trop dur, il nous vaut mieux pousser nos chars, mais la pénitence n’est pas si pénible vu le beau temps qui nous accompagne. DSC05800
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La pente est rude et l’effort quelque peu inhabituel, un vélo ainsi harnaché n’est point fait pour être pousser de la sorte. Alors dès que possible, je remonte sur Bagherra afin d’avaler quelques dizaines de mètres en pédalant. Je rejoints des marcheurs, puis ils me redoublent et ainsi de suite, nous avançons en accordéon. JB est derrière et ne me rattrape pas. Je poursuis tranquillement en même dirigeant vers le sommet de ce petit col. Le sentier de randonnée est fort joli, bien que peu approprié aux vélos.

 

Au sommet, j’ai le bonheur de voir au loin le magnifique Fitz Roy, ce pic magique emblématique qui trône dans ce ciel bleu comme un gratte-ciel !

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Après 2 heures, d’efforts, je me prends une belle pause déjeuner avant d’entamer la seconde partie du parcours, laquelle s’annonce bien vu le temps !

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Après 1 heure de sieste (un autre sport auquel j’aime bien m’adonner), JB me rejoint et puis s’ensuit tout le groupe de cyclos ainsi que quelques marcheurs. Mais vu le parcours chaotique qui arrive, je préfère ne pas me retrouver en pleine forêt au milieu d’un peloton, d’autant plus lorsqu’il faudra pousser. Alors je file seul en tête et m’échappe pour un trip de VTT. Et le parcours se corse vraiment une fois passer la « frontière » argentine, frontière en pleine forêt marquée uniquement par un grand panneau ! DSC05810
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Pas de boue, du soleil, personne devant, je fonce et me mets en condition pour franchir les prochains kilomètres en me remémorant mes expériences passées de vététiste. Je me sens comme lors d’un des raids multisports auxquels j’ai participé. Ma motivation et mon entrain me font oublier les rivières à franchir, les troncs, les montées de 20 %, la végétation, etc… Comme lors d’une compétition, je suis concentré et manie ma panthère avec dextérité pour me faufiler dans ce bois assez dense. J’entre dans la danse !

 

C'est parti pour le rodeo !

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Mon carburant : des fruits secs, rien de tel pour avoir la patate !

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En fin de parcours, j’ai le plaisir de voir le lago del desierto, lac près duquel je vais camper ce soir. Mais le sentier pour marcheur, devient un sentier pour chevaux et là, vu l’étroitesse, il me fut adapter la technique pour avancer tant bien que mal.

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Durant cet après-midi, je suis parvenu à rester sur ma monture la moitié du temps, ce qui n’est vraiment pas mal, vu ce que m’ont dit tous les autres cyclos qui sont passé par là ! J’ai vraiment pris un grand plaisir à évoluer dans cet univers forestier avec ma panthère qui a su se faufiler malgré la charge qu’elle porte !

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La récompense est de taille quand, en fin de journée, j’établis mon bivouac à quelque mètre de la rive du lago del desierto face au Fitz Roy sur une belle herbe bien verte…

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La soirée est placée sous le signe de la convivialité quand avec JB que je retrouve, et deux « mochilleras » française, nous jouons aux cartes dans mon foyer, sous l’abside conviviale de ma grande tente.

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A suivre : « Détente de balades dans la région du Fitz Roy »…

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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 01:54

Jusqu’au bout du bout entre effort et réconfort !

Le temps passe et les souvenirs s’amassent… La carretera austral me réserve encore de belles surprises pour cette troisième semaine en Patagonie chilienne sur cette route du bout du Monde.

 

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Ce mardi 22 janvier est encore placé sous le signe du beau temps. Poursuivi par un soleil qui rayonne, je me gave et emmagasine l’énergie reçu par les rayons de l’astre puissant afin de la restituer quand ça sera nécessaire. Chargé comme des accus, je roule vers Puerto Bertrand. Mais il n’y a pas que la nature qui me remplit d’énergie, mais également les rencontres. La nature humaine me donne sans cesse l’énergie positive dont je me nourris au contact des autres, dans le partage. DSC05654
DSC05661 Et sur ma route, j’ai le plaisir de rencontrer Clémence, une charmante bretonne en vadrouille sur le sous-continent sud-américain. C’est à l’ombre de la végétation luxuriante de la région, juste avant une des nombreuses côtes à forte pente de cette dernière partie de carretera austral, que je fais connaissance avec la demoiselle qui voyage depuis deux mois. Partie des Canaries en voilier jusque dans la Caraïbe, Clémence poursuit son périple d’un an à vélo. Alors en route ! A deux, nous continuons vers le Sud.
Sur la route vers Puerto Bertrand, nous prenons le temps d’apprendre à nous connaître et partageons beaucoup sur ce qui nous a poussé à franchir le pas. Il est bon de parler librement avec quelqu’un qui vous comprend, alors j’en profite et bavarde sans modération. Arrivé dans le petit village, nous recherchons une supérette pour recharger nos sacoches en vivres avant de d’aller pique-niquer au bord du Rio Baker dans lequel nous ne manquons pas de nous baigner ! Mais avant cela, une rencontre nous attend… DSC05655
DSC05656 Nous avons le plaisir de croiser Marianne, une américaine implantée dans le coin depuis une bonne dizaine d’années. Elle est adorable avec nous et nous régale de fromage et de fruits frais en toute simplicité. Après l’avoir salué, nous descendons nous délasser au bord de l’eau turquoise. Ces moments succincts de partage font de ce voyage une aventure incroyable. La nature humaine est belle, j’en perçois les ondes positive et m’en nourris et donne tout ce que je peux donner, de l’immatériel seulement…

 

 Le plaisir d’échanger avec les gens depuis le début du voyage n’a pas de prix, mais une valeur exceptionnelle !

Après le réconfort, l’effort ! Les fortes pentes nous font largement suer cet après-midi. La piste ne nous épargne pas, de vraies montagnes russes ! Et pas d’eau ! Le rio Baker est le fleuve à plus fort débit de tout le Chili, mais il est en contre-bas et nous nous en éloignons de en plus en plus. Nous dérapons facilement en montée en raison de la faible allure et des nombreux cailloux. Avec ses grandes roues et ses pneus fins, Clémence galère sur ce « ripio » en mauvais état. Mais nous bavardons, et l’effort est oublié. DSC05662
DSC05663  Enfin le corps ne l’oublie pas vraiment. Après un bon décrassage en règle dans une rivière, nous ne faisons pas long feu le soir de notre premier bivouac ensemble. Au matin, nous constatons quelques problèmes techniques sur le vélo de la demoiselle : une partie du cadre qui soutient le porte-bagages arrière est cassé et la roue avant est voilée. Le prochain village n’est plus bien loin, et même s’il reste encore des montées et des descentes, Clémence continue avec moi, mais n’est pas rassurée par son matos !
A Cochrane, dernière bourgade de la carretera austral avant Villa O’Higgins quelques 240 km plus loin, nous en profitons pour nous réapprovisionner et pour réparer le porte-bagages de Clémence, réparation de fortune faite chez une mécanicien du coin, qui, elle l’espère, tiendra le choc… Cette escale en « ville », en zone urbanisée du moins, nous donne l’occasion de nous offrir un bel et gros hamburger en guise de récompense des efforts passés et en prévision des efforts futurs à fournir. Un régal ! DSC05672
DSC05669 A la bibliothèque, là où nous avons trouvé une connexion Internet (ultra lente), je retrouve Jean-Baptiste, qui vient d’arriver dans l’après-midi. Le gaillard avec qui j’ai eu l’occasion de rouler à plusieurs reprises depuis le début de cette route patagonienne m’a rattrapé. Nous roulons en accordéon ! Je ne le retrouverai que le lendemain, car lui reste sur place tandis qu’avec Clémence, je continue à rouler, histoire d’avaler un peu de kilomètre, l’hamburger n’ayant pas suffi !
Sereins et contents de rouler ensemble, nous nous dirigeons vers le Sud, vers l’inconnu, vers le bout du bout. Enfin, pour le moment, nous ne bivouaquerons qu’à une douzaine de kilomètres de Cochrane. Le temps est toujours au beau fixe, même si quelques nuages viennent colorer le ciel bleu, le baromètre n’a pas encore basculé du côté obscure… Il fait beau dehors et dedans aussi, et un magnifique endroit nous attend pour camper : une mini presqu’île au bord d’un lac et à l’abri de la brise, le pied ! DSC05689

 

Bercé par le bruit des vagues, je rejoints le royaume des rêves… DSC05682

 

Le bivouac levé, je regarde mon petit carnet dans lequel je note mon kilométrage et je constate que ce jeudi 24 au soir j’en serai à 7 mois de voyage ! Le temps passe et je ne m’en rends plus compte. Au début, je comptais les jours, puis les semaines, et maintenant, je ne vois même plus passer les mois, le temps a pris une autre dimension. Je vis différemment la temporalité, j’évolue dans l’espace et ma pérégrination sur cette terre d’aventures n’est rythmée que par le jour et la nuit ! Je me sens LIBRE…

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DSC05696 La difficulté du terrain n’a fait qu’augmenter le voile de la roue avant du vélo de ma compagnonne de route, et celle-ci peste contre sa bécane ! N’étant pas expert, je sais tout de même comment dévoiler une roue en théorie, mais en pratique, je ne l’ai jamais vraiment fait. Pourtant, je m’y colle avec elle et nous parvenons à faire du bon boulot sous le regard perçant du condor ! Je ne suis pas peu fier du travail accompli. La roue tourne parfaitement, nous pouvons poursuivre notre rout
Et peu après, c’est mon ami franco-canadien qui nous rattrape. Rien de tel qu’un déjeuner au grand air face à la montagne pour fêter les retrouvailles ! L’équipe est portée à 3 cyclos maintenant. Il est si bon de pouvoir alterner entre les moments où je roule seul et ceux où je roule accompagné, cela fait aussi partie intégrante du voyage. Voyager le temps de quelques jours avec des « semblables », et de surcroit avec des gens avec qui le feeling passe bien, nourrit le périple de moments de partage privilégiés. DSC05707
DSC05710 Après d’autres montagnes russes, une grande descente se profile à l’horizon. Equipés de nos casques et de nos vestes coupe-vent, nous nous lançons dans la vertigineuse descente. Garder l’équilibre sur cette piste pleine de cailloux constitue notre exercice quotidien d’autant plus en descente. La concentration est maximale ! Le matériel est mis à rude épreuve et nous le savons bien, alors la précaution est de mise. A l’aise, je file devant mes compagnons et les attends en bas, près d’une rivière.
En fin de journée, JB et moi attendons la vaillante bretonne restée derrière, mas elle tarde à nous rattraper. C’est dans un pick-up qu’elle nous rejoint… Son porte-bagages est cassé, complètement cassé ! Le moral dans les chaussettes, elle tombe presque en larmes, mais nous la soutenons et cherchons des solutions avec elle, puis lui faisons oublier tout ça le temps d’une soirée autour d’un bon repas, des histoires de vie de JB puis d’une longue partie de cartes arrosée de rhum !!! DSC05708

 

Relativiser dans ces moments où l’on est démoralisé n’est pas une chose évidente. Partie depuis à peine un mois à vélo sur les routes sud-américaines, elle a déjà des problèmes mécaniques majeurs sur sa monture et vient juste de casser son appareil photo ! Cela fait beaucoup en peu de temps… Son matériel lui fait faux bond et lui fait perdre confiance. Le porte-bagages ainsi que le vélo sont en aluminium, donc difficilement soudable ici. Il lui faudra faire du stop vers le Nord, donc rebrousser chemin jusqu’à Coihaique à 400 km de là et oublier l’idée de terminer la carretera austral afin de résoudre ce problème handicapant…

Ce soir, la lune éclatante, presque pleine, semble lui sourire, à défaut que ça soit la chance. Je lui souhaite d’avoir une bonne étoile au-dessus de sa tête pour la suite de son long voyage. Le lendemain, je repars avec JB, je retrouverais Clémence peut-être plus au Sud car elle devrait faire pas mal de stop prochainement… Mais avant de partir, nous arrêtons un véhicule remontant vers le Nord justement. Le 4*4 est rempli, mais il s’arrête tout de même, ce sont 3 argentins en vadrouille dans la région. Par chance, ils sont super sympas et la prennent en stop malgré tout l’attirail qu’elle a et qui vient s’ajouter au barda entassé à l’arrière. Une bonne chose de faite ! Les aux-revoir faits, nous reprenons notre petit bonhomme de chemin en direction de l’extrême Sud de la carretera austral pour la suite de l’aventure !

Une nouvelle belle journée semble s’annoncer quand, au réveil, j’aperçois une nouvelle fois un ciel d’un bleu éclatante…

 

Il semblerait que la région souffre de manque d’eau tant il n’a pas plu ces dernières semaines. Hallucinant dans cette région où l’eau coule en abondance des glaciers ! De notre côté, nous trouvons toujours un ruisseau pour nous abreuver comme il se doit. Ce vendredi, me voilà de nouveau à rouler avec JB dans cet univers verdoyant qui m’enivre tant. En piste maintenant, direction Puerto Yungay, vers où nous allons bon train sur la piste qui devient de plus en plus mauvaise…  DSC05720
 DSC05718 Le rythme imprimé par mon compagnon de route en cette splendide après-midi est rapide, et cela n’est pas pour rien. Nous devons prendre un bac pour traverser une immense rivière qui ne peut être contourné par voie terrestre. Il y a un bateau à 18h, sinon le lendemain matin à 10h. Pour ma part, l’un ou l’autre m’importe peu, mais lui souhaite traverser le soir même et pouvoir rejoindre Villa O’higgins le jour suivant afin de s’y reposer une journée. Alors, nous roulons assez vite.
 A vrai dire, cela me fait du bien et même si sur notre parcours, nous avons un petit col avec des pentes redoutables et une descente chaotique, je me défoule et accélère le rythme, qui, les derniers jours, était nettement plus cool ! Seulement, le timing est très juste et impose de ne faire aucune pause et rouler sans relâche. Arrivé 10 minutes avant moi, JB parvient à chopper de justesse son bateau. Moi, qui n’étais pas autant motivé pour l’avoir, préférant profiter au passage du décor, je le loupe pour 5 minutes ! DSC05725 
DSC05739 Qu’à cela ne tienne, dans ce poste de Puerto Yungay, j’y trouve une belle plage et une vue imprenable sur la large rivière qui ressemble plutôt à un lac, dans laquelle je ne loupe pas d’aller me baigner. Dans ce minuscule port où résident à peine 10 habitants, dont 3 ou 4 de manière permanente, j’ai la surprise d’y trouver à manger et même… une connexion internet ! C’est le militaire Reinato qui me propose de me connecter et qui m’invite même à dormir dans son bâtiment, chose que j’accepte avec grand plaisir.
Un peu plus tard arrivent d’autres cyclos, dont un couple de brésiliens court d’argent dans ce coin reculé du Monde, mais ils n’ont pas la chance que j’ai eu d’être arrivé le premier du fait d’avoir « loupé » le dernier bateau. Je me sens donc privilégié lorsque Reinato me convie discrètement, pour ne pas attirer l’attention des autres, à aller dans ses quartiers un peu plus haut. J’y fais la connaissance d’Alfredo, jeune recrue en fin de service militaire, qui me met à l’aise et m’accueille comme à la maison. DSC05740
 DSC05741  Cette hospitalité inespérée dans ce petit bout du Monde me fait le plus grand bien et le confort du dortoir me change des nuits sous tente, que j’apprécie cependant énormément. Au cours du repas, le gradé me questionne militairement et tout tourne autour de l’argent, sur le coût de mon voyage, le coût de la vie en France, le coût de ceci, de cela… Discret en général lorsque le discours est financier, je me prête au jeu quand, plus tard, je comprends qu’il s’informe pour un futur voyage en Europe en camping-car.

 

Au réveil, le temps a changé et cette journée va marquer une transition…

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La petite traversée en bateau que je vais faire (gratuite au passage) marque une étape importante dans cette fin de périple et me donne vraiment l’impression d’aller aux confins du continent, au bout du Monde. Inaccessible par voie terrestre, le dernier tronçon de la carretera austral va me permettre d’aller tout au bout, à Villa O’Higgins. Il me reste à peine une centaine de kilomètres que j’ai hâte de déguster. Mais avant cela, je charge Bagherra dans le navire et monte sur le pont pour respirer l’air frais !  DSC05751
 DSC05748 Sous un ciel nuageux, je repense à tout le chemin fait jusqu’à présent depuis le début et n’en reviens pas ! Mentalement, je revis en accéléré mon pèlerinage… Plus qu’un mois vélo pour arriver tout au bout, vraiment tout au bout, à Ushuaia ! Ce nom résonne en moi comme un grâle et me fait penser aux grands navigateurs et explorateurs venus à l’aventure dans ces contrées lointaines, qui sont maintenant proches pour moi. Je vais vers les territoires habités les plus au Sud de la planète, vers des terres d’aventures.
Une fois revenu sur Terre et être remonté sur Bagherra, ma fidèle monture qui ne faillit pas, je me remets en route sur ce dernier tronçon, cette dernière ligne droite. Enfin, façon de parler, car après quelques 15 km plutôt faciles, la route devient très vallonnée et sinueuse m’offrant de beau panorama et ce, malgré le couvert nuageux qui ne se dissipera qu’arrivé à Villa O’Higgins. Sur ce tronçon isolé, peu de véhicules circulent et ils viennent par vague de 3 ou 4 à 3 moments durant la journée. DSC05762
DSC05760 Je peux savoir quand je croiserai des véhicules en fonction des heures du bac. Aussi, je passe une grande partie de l’après-midi seul au Monde sur la piste caillouteuse qui m’appartient pour un temps. Le paysage me ravie moins que le reste de la carretera austral, alors je laisse l’esprit s’évader et l’âme cheminer… Ce sentiment de solitude extrême est agréable, tant car il est bénéfique que parce qu’il est éphémère ! Seuls les insectes volants et les condors volants au-dessus des glaciers hauts perchés m’accompagnent.
 Je ne croise que deux cyclos sur cette dernière portion. Premièrement, un vieil anglais. Le premier contact avec l’énergumène me laisse de glace quand, à notre rencontre, il me lance un « hello », puis récidive après mon « hola ». Ce dernier ne parle pas espagnol, c’est un fait, mais il ne connaît même pas un seul mot, même le plus basique. Ce qui me gêne fortement, c’est le manque d’effort fait pars cet anglophone qui pourtant voyage pour 1 an sur ce continent ! Je déplore beaucoup ce genre de comportent    DSC05765
DSC05769 Deuxièmement, peu avant O’Higgins, je fais la connaissance de Franck, un montagnard français en route pour quelques mois sur un terrain de jeu qui l’amène à alterner entre les étapes de vélo et les escapades pédestres en montagne. Il me vante la beauté de la prochaine région dans laquelle je me rends, celle d’El Chalten. C’est là-bas que je me poserai quelques jours chez une amie à Laurent et Audrey (mes potes cyclos avec qui j’ai traversé la Bolivie) et que j’irai randonner près du célèbre Fitz Roy.


Je retrouve un beau ciel bleu dimanche après-midi à O’Higgins, et je retrouve aussi JB ! Nous profitons de ce village pour refaire le plein des réserves et après un bon resto que je m’octroie en guise de cadeau pour fêter ce bon millier de bornes de carretera austral (après l’effort le réconfort !), je vais acheter mon sésame pour la suite du parcours…

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Oui, il nous faut prendre un autre bateau (pas gratuit celui-ci, et même très cher !!!) pour rejoindre l’argentine. Avant la frontière, il nous faudra encore traverser une forêt sur un sentier de randonnée, puis après, pour rejoindre El Chalten, prendre un autre bateau et prendre une autre piste, mais ça c’est une autre aventure…

Pour l’heure, l’épopée sur la carretera austral se termine au niveau de l’embarcadère, près d’où j’établis mon campement pour la nuit. DSC05776

 

PS : Ces deux trajets en bateau, je ne peux les faire autrement, i.e. par voie terrestre. Au même titre, pour traverser le détroit de Magellan afin de rejoindre l’île de la Terre de Feu, je devrai aussi prendre un autre bateau.

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 23:56

Des sacoches pleines de babioles et comme bagage l’espagnol !

Dans mes sacoches pleines de rêve, j’ai embarqué du matériel de camping, des équipements pour le vélo, des vêtements, un appareil photo, etc… mais également mon espagnol. La langue de Don Quichotte comme bagage, rien de tel pour partir arpenter la cordillère des Andes qui traverse exclusivement des pays hispanophones. Dans les sept pays que j’ai traversés, le castillan, comme disent les latino-américains, est la langue officielle, et la manier m’a ouvert de nombreuses portes…

Tout gamin déjà, depuis la classe de 4ème, cette langue me plaisait, m’attirait, me donnait envie de voyager… L’attrait pour l’espagnol était sans nul doute lié à la manière dont il m’a été enseigné ; en musique, en apprenant la culture hispanique et latino-américaine, autant à l’oral qu’à l’écrit. En classe européenne d’espagnol, avec un bon petit groupe d’amis, j’ai appris à aimer cette langue, à la découvrir au-delà de la grammaire et de la conjugaison. M. Marí, un super prof qui venait en cours avec sa guitare, a fortement contribué à cette époque à cet attrait qui a perduré dans le temps. Les voyages scolaires en catalogne et en Andalousie n’ont fait que contribuer à mon envie de voyager en pays hispanophone.

L’envie de pratiquer cette langue qui devenait de plus en plus vivante pour moi a pris de l’ampleur tout au long de mes études supérieures. Durant ces années, j’ai toujours gardé cette langue comme cours de seconde langue vivante. Mais je la préférais à l’anglais et la considérais plus comme une première langue avec l’envie de la parler couramment. Comme une envie d’aller au-delà de la péninsule ibérique, je ressentais l’appel de l’Amérique Latine, là où je voulais parler cette langue que je voulais vraiment vivante !

En 2008, mon stage de 3 mois au Costa Rica m’avait enfin permis de mettre entièrement en pratique les 9 années d’apprentissage. N’étant pas parti, comme je l’avais voulu un moment,  faire « Erasmus » en pays hispanophone, j’avais profité de ce stage pour partir suffisamment longtemps pur pratiquer. Immergé totalement durant 90 jours, mon niveau avait littéralement augmenté. De plus en plus à l’aise à l’oral, le mécanisme de traduction devenait de plus en plus fluide, si bien que je ne réfléchissais plus en français. Je pouvais enfin me servir de cet outil fabuleux pour communiquer vraiment.

Bercé depuis des années par de la musique latino, je n’ai jamais cessé d’entendre de l’espagnol, comme une envie de ne pas perdre… Et durant mes années en Martinique, j’ai pu pratiquer encore cette belle langue, à l’occasion de voyages dans la Caraïbe, de rencontres, ou encore avec une amie ou mon colocataire espagnol. Naturellement, le choix de l’Amérique du Sud s’est fait pour ce long voyage à vélo, en emportant comme bagage cet outil précieux !

Et précieux il le fut, et il l’est encore ! Il a donné au voyage une tournure « humaine », en lien avec les populations. Des peuples des côtes à ceux venus de la selva (forêt amazonienne), des peuples andins aux citadins, des Quechua et Aymara aux Mapuche et Tehuelche, des vénézuéliens aux patagoniens en passant par les colombiens, les équatoriens, les péruviens, les boliviens, les argentins et les chiliens, l’espagnol m’a toujours permis de communiquer, d’échanger, de philosopher, etc… de partager simplement des tranches de vie sans langue comme barrière.

L’espagnol comme clé pour ouvrir la porte de la communication ! Un bien précieux que je n’ai cessé d’adapter en fonction des expressions et des accents des différentes régions et des différents pays. Facilitateur de rencontre, l’espagnol m’a permis et me permet de rentrer sans peine en contact avec les « locaux » dans « leur » langue. Comme un sésame, il permet de casser cette frontière culturelle et permet d’accéder à beaucoup plus que ce pourrait apporter une conversation faite à base de geste ou de quelques mots de base.

Parler l’espagnol m’a aussi permis de ne pas me faire « avoir ». Il m’a permis d’éviter des entourloupes. Il m’a permis de rapidement me faire une idée des personnes rencontrées. Il m’a permis de savoir me faire fermement comprendre quand ce fut nécessaire. Il m’a permis de négocier comme un marchand de tapis. Il m’a permis de demander une foule d’informations pratiques. Et surtout, il m’a ouvert de très nombreuses portes et m’a permis de rencontrer des gens adorables et généreux avec qui j’ai vraiment pu échanger.

Pouvoir parler avec les populations rencontrées permet de connaître vraiment un pays, ce qui en fait ce qu’il est. Le voyage ne se limite alors pas à la découverte des lieux traversés, il se fait en lien avec les gens. On ne connait vraiment un pays que lorsqu’on connait ses habitants et ses mœurs, ses coutumes, ses traditions, ses modes de vie, ses pensées, ses réflexions, etc… Et pour accéder à tout cela, la maîtrise de la langue facilite grandement la tâche. Et la tâche est plus que plaisante. C’est un réel bonheur de pouvoir vivre pleinement ce voyage, sans se sentir si étranger que cela. Etranger, on le reste, mais l’effort de parler la langue est reconnu et plait, il force le respect et fait presque oublier la différence. Enfin, au-delà des différences culturelles, nous sommes tous des Hommes, et quand la barrière de la langue tombe, les différences tombent plus facilement.

C’est ainsi équipé que j’ai entamé mon voyage il y a maintenant 7 mois ! J’ai pris et je prends un grand plaisir à pouvoir ainsi vivre cette expérience si enrichissante.

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 23:47

Libre et heureux sous un ciel sans nuages sur cette route incroyable !

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De Manihuales à Cochrane, cette deuxième partie de carretera austral me réserve de magnifiques moments ! Parti de la casa de ciclistas, je fais route avec mes deux acolytes : JB le franco-canadien et Arnaud le belge. Entre francophones, nous faisons route en ce jeudi 17 janvier vers la ville de Coihaique à quelques 90 km de là. Sur cet asphalte lisse et sous le soleil qui tape toujours, les kilomètres défilent vite malgré la chaleur. Il faut dire, que le paradis bleu et vert fait oublier que l’on est sur un vélo.  DSC05425
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Les blagues vont bon train, comme si nous étions assis tranquillement autours d’une table, les abdos et les zygomatiques travaillent dur ! Bonne ambiance quoi ! Quand JB repère un coin où il y a des framboises, c’est la razzia, nous nous jetons sur les framboisiers comme des affamés. Pourtant repus, ce n’est pas notre faim qui nous pousse à dévorer ces savoureux fruits, mais bien notre gourmandise. Pour ma part, ce sont mes fruits préférés, je me sens encore plus au paradis lors de cette dégustation frugale.

 

Les Trois Mousquetqires !

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Rivières, cascades, montagnes et forêts… Le film en technicolor qui défile sous nos yeux nous laisse contemplatifs, en harmonie avec cet environnement riche et vivant. Le bruit de l’eau, l’odeur des plantes et le chant des oiseaux régalent nos sens en total éveil.

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Dans l’après-midi, après un pic-nic rivière, le vent nous poussent vers la capitale régionale à un rythme d’enfer, mais une bosse (une côte) nous ralentit quelque peu et nous fait largement suer, le soleil tape encore fort ! Au sommet, nous apercevons enfin la ville depuis le mirador. Elle est beaucoup plus grande que ce que j’avais imaginé. La troupe, formée des trois gaillards que nous sommes, pense communément à la même idée : demander asile chez les pompiers pour cette nuit citadine. DSC05475
 DSC05477 Confiant, à l’inverse d’Arnaud qui reste sceptique en raison des derniers refus qu’il a essuyés, je me lance dans la demande à laquelle je suis plus qu’habitué maintenant. Mais nous sommes 3, c’est une première pour moi de demander aux pompiers un toit pour 3. Mais ça marche, l’accueil est super. Parfait, une épine du pied est retirée ! En soirée, j’accompagne Arnaud qui rejoint des amis avec qui il va rouler, à un rythme plus modeste, les prochaines semaines. Nous voilà en ville, et c’est la bonne heure…

 

 Les mojitos sont en promo, c’est happy hour ! Et en une heure, nous sommes bien happy !!!

Le lendemain, après une courte nuit, je rejoins le réunionnais rencontré la veille dans le bar. Il voyageait en vélo, mais, en raison d’un problème de santé survenu au sud de cette carretera austral, problème suivi d’une opération, il est en cours de rapatriement sanitaire. Aussi, il a décidé de laisser tout son matériel sur place ! Il me donne des pneus neufs, des chambres à air, des réserves de gaz et donne au pote d’Arnaud son vélo en entier et tout équipé, à défaut de le laisser à l’abandon. Merci à toi l’ami !

Je repars avec Jean-Baptiste sur la route. Mais au bout de quelques kilomètres, je perds l’asticot et je ne le retrouverai pas. Problème mécanique, fatigue, ou envie de rouler à son rythme ? Je ne le saurai pas pour le moment… Me revoilà seul à présent après une semaine à plusieurs. Je ne roule pas beaucoup, me réservant pour les prochains jours qui s’annoncent bien vallonnés. Je me délecte des paysages bucoliques de cette région au Sud de Coihaique et bivouaque au milieu du col.

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Le lieu de bivouac n’est pas évident à trouver dans ces régions où tous les espaces de nature sont fermés, rendus inaccessibles, la route étant clôturée de part et d’autre par des barbelés. Même les lits des rivières sont délimités par des clôtures, perpendiculairement au sens découlement, c’est pour dire ! Ce soir, n’ayant rien de trouvé de mieux, je me résous à camper à 2 mètres de la voirie. Ce n’est pas l’idéal, mais j’ai le grand plaisir cette nuit-là d’observer le plus beau ciel étoilé de ce voyage. DSC05551
DSC05500 Je garde le col qui se présente devant moi au menu du samedi matin, matinée durant laquelle j’avale goulument 50 km et un gros dénivelé dans cette réserve du Cerro Castillo. Je prends grand plaisir à gravir ce col, qui est certainement un des derniers du voyage. Evoluant entre ces montagnes sèches, je respire à plein poumon l’air frais (je suis à environ 1 000 m). Je ne compte plus les jours sans nuages, j’en ai même oublié à quoi il ressemble ! Ma bonne étoile brille toujours au-dessus de ma tête et j’y veille…

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Je profite tout simplement sans autre doctrine que de vivre le moment présent en me nourrissant de tout ce qui m’est donné de voir, sentir, écouter, goûter, toucher et respirer !

La descente en lacet vers le village du même nom que la réserve me donne l’occasion de mirer sous divers angles la majestueuse montagne du Cerro Castillo, qui signifie « mont château », et pour cause ! Il en a l’allure avec toutes ces tours ciselée.

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La carretera austral est victime de son succès. Nombreux sont les personnes qui viennent se balader dans le coin, à vélo, en stop, en bus ou en 4*4...


Je profite d’un abris bus dans le village pour une longue sieste qui me permet de laisser au soleil le temps de descendre un peu, en espérant qu’il sera plus clément et qu’il me laissera progresser vers le Sud sans trop me faire suer. Cela dit, le nombre de rivières et de ruisseaux que je croise tout au long de la journée me permettent de me rafraichir sans peine. Après 4 heures de pause, je repars sur la piste et quitte définitivement l’asphalte. Je rencontre beaucoup de chiliens en vacances venus découvrir la région.

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 DSC05547 La route est bien vallonnée, comme on me l’avait dit ! Je profite parfois d’informations que me donnent des gens qui remontent vers le Nord. Il fait encore très chaud malgré l’heure, mais je prends sur moi et me dit qu’au moins avec ce temps j’ai le luxe de pouvoir profiter pleinement du paysage et de la magie des lieux, à l’inverse de beaucoup de cyclos qui n’ont pas été aussi chanceux que moi. Donc j’avance dans la fournaise et mange la poussière soulevée par le passage des véhicules
Les distances entre les villages sont de plus en plus grandes, la partie Sud de la carretera austral est moins peuplée, plus sauvage, mais elle reste clôturée !!! Après une crevaison vite réparée, je trouve un terrain parfait pour m’installer, face au soleil couchant sur les sommets enneigés, mais il me faut ouvrir une clôture… La zone est déserte, je rentre et m’installe en me disant que ça ne gênera pas, en l’espérant du moins. Il n’y a personne, alors j’en profite pour aller me laver sous une petite cascade à proximité…  DSC05532
 DSC05538 Et à ce moment-là, un jeune garçon passe avec son cheval et me regarde en tenu d’Adam sous cette eau si rafraichissante en me demandant si j’allais rester ce soir sur le terrain. D’abord surpris, puis étonné qu’il continue à me parler alors que j’étais nu, je lui réponds. Et nous voilà à discuter ainsi. Il me dit qu’il n’y a pas de problèmes pour que je campe à la condition que j’éteigne le feu si j’en fais un, ce qui n’est de toute façon pas mon intention. Un beau bivouac en perspective pour ce soir.

 

 Au son de l’eau qui coule, à celui des grenouilles et celui des vaches qui meuglent fort, je m’endors paisiblement face à la Cordillère qui ne me quitte pas depuis bientôt 7 mois, où que je ne quitte pas… 

En ce splendide dimanche matin, après à peine quelques coups de pédales, je fais la rencontre de Thomas et Virginie avec qui je passe une bonne heure à discuter. Ce couple de grenoblois, en voyage pour 4 mois au Chili et en Argentine, me semble bien rassuré après leur avoir raconté mon expérience ultra positive. Rassurés de voir que je ne me suis pas fait voler, rassurés de constater que je n’ai eu aucun accident, rassurés de voir que j’ai rencontré de belles personnes, ils repartent tout sourire, et moi aussi ! DSC05539
 DSC05553 Au menu du repas dominical ; de la poussière ! Beaucoup de véhicules roulent vite, beaucoup ne ralentissent pas, beaucoup ne se déportent pas, si bien que je déguste la poussière. Au-delà de l’aspect gustatif des grains de poussière en suspension que j’ai l’occasion de goûter toute la journée, s’ajoute l’aveuglement résultant du nuage qui se forme après le passage de chaque véhicule et qui ne se dissipe pas si rapidement. J’aime rouler sur piste et je dois donc en accepter la règle.

 

Parti tard et ayant discuté un long moment avant même de commencer vraiment à rouler, je roule aux heures chaudes. Je ne fais pas de pause aujourd’hui, j’avance sous le cagnard. Par chance, les rivières sont nombreuses dans le coin. Je ne loupe pas une occasion pour remplir mes gourdes d’eau fraiche et pour m’asperger le visage. Je vais même jusqu’à immergé mon maillot avant de le remettre sur moi. Source de vie, l’eau me nourrit et me rafraichit, régulant ainsi ma température interne que je ne souhaite voir trop augmenter. Je ressens le besoin de rafraichir mon corps afin d’éviter la surchauffe. Mais j’ai beau faire, le soleil gagne aujourd’hui, en fin d’après-midi, j’abdique et fais une sieste à l’ombre sur un tronc d’arbre. Cette sieste tardive dure une bonne heure ! Je me réveille sans vraiment être éveillé et reprends la piste pour aller camper un peu plus loin.

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Aujourd’hui, les taons ne me laissent pas de répit, ils tournent autour de moi et tentent de me piquer. Les « bzz » constituent le fond sonore de la journée. J’ai en permanence au moins 3 ou 4 taons qui tentent vainement de piquer ma chair, vainement car ces bestioles ne sont pas assez vives pour éviter les coups fatals que je leur inflige. Ce ne sont pas moins d’une cinquantaine d’homicides que je commets ce dimanche ! Je passe mon temps à tuer ces taons embêtant sous ce soleil de plomb.

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Encore un beau bivouac près de la rivière m’attend ce soir. Il fait encore chaud sous la tente, mais ce n’est plus dû à la température ambiante, mais plutôt à la chaleur emmagasinée toute la journée que je restitue tel un panneau photovoltaïque.

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Ce lundi 21 janvier, une autre magnifique journée riche en couleur, rien de tel pour débuter la semaine ! Enfin, pour poursuivre mon périple, car il y a bien longtemps que la notion de semaine m’a échappée, tout comme celle de week-end. Même les mois ne me parlent plus, le temps a pris une autre dimension. Je vis au jour le jour avec peu et je n’ai jamais été si heureux !!! Et par chance, il fait un temps radieux, toujours pas de nuages en vue, des températures moins fortes et les taons semblent m’avoir oublié. DSC05574 

   Je n’ai rien d’autre à faire que de déguster le paysage et penser…

 DSC05571 Penser ! Jamais il ne se passe une seul journée sans que je ne médite. Le voyage à vélo offre ce luxe de prendre le temps de méditer sur la vie et sur le monde, sur ma vie et sur mon monde. Lorsque les besoins vitaux sont satisfaits, l’esprit pédale vite et même plus vite que mes jambes. En revanche, le chemin de l’esprit n’est pas tracé, il se créer au fur et à mesure, m’amenant chaque jour dans des contrées inexplorées. En découvrant le monde extérieur, on découvre parallèlement un monde intérieur…

 

La beauté des lacs me laissent sans voix, le bleu azure du lago Carrera semble irréel. Comme dans un miroir, je peux voir le reflet des chaînes de montagnes.

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Plus tard dans la journée, je rencontre Jérémy, au Sud de Puerto Tranquilo. Encore un français ! Il se dit que plus de la moitié des cyclovoyageurs en Amérique du Sud sont français, je n’en doute plus  présent ! Ce dernier remonte de Ushuaia vers… le Pérou, la Colombie, ou ailleurs… Il ne sait pas, mais qu’importe, il est libre ! Bonne route amigo y suerte !

Il prend le temps et n’est pas pris par le temps, tel est la force du voyageur libre…

 

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 Direction Cochrane puis Villa O’Higgins, terminus de la carretera austral ! La route me réserve encore de belles surprises et de belles rencontres…

A suivre dans la troisième et dernière partie del recorrido de la carretera austral !

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19 janvier 2013 6 19 /01 /janvier /2013 01:07

Qui veut aller loin, ménage sa monture ! 

La journée de pause à la casa de ciclistas chez Jorge à Manihuales est l’occasion de faire le point sur le matériel. Jean-Baptiste et Arnaud en profite également pour se poser et prendre le temps de s’occuper de leur matos ! Au même titre que le cyclo prend soin de sa forme physique, il prend soin de sa monture. Et après tant de kilomètres, une vérification s’impose. Lors de cette journée, l’entretien de tout le matériel est donc de mise.

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Le bilan est plutôt positif après le long voyage déjà effectué, pas de problème de dérailleur, les roues tournent toujours, le matériel de bivouac tient le choc, même si les arceaux de tente ont plié (lors de cette nuit épique où les rafales ont emporté la tente). En 6 mois et demi et 12 000 km, l’entretien de mon matériel et ma bonne étoile m’ont permis de ne pas être préoccupé par des ennuis mécaniques qui pourraient s’avérer problématique, d’autant plus dans des zones isolées…

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Mes pneumatiques ne sont pas tant usées par rapport au nombre de kilomètres réalisés, mais une légère boursouflure sur mon pneu arrière me laisse tout de même perplexe. Aussi, j’intervertis mes pneus entre l’avant et l’arrière en espérant que ça tienne jusqu’au bout. Au cas où, je m’équipe d’un pneu de rechange si jamais j’ai des soucis dans des endroits isolés, et il y en aura. Ce serait bête de tomber en rade si près du but.

Le bilan est on ne peut plus positif, pourvu que ça dure !

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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 21:16

En harmonie et en symbiose dans les tropiques australs !!!

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Mon parcours sur la fameuse route chilienne commence ce vendredi 11 janvier au soir lors de mon bivouac au Sud de Villa Santa Lucia, là où commence pour moi la route jusqu’à Villa O’Higgins, 1 000 km plus au sud. Au réveil, le ciel est encore dégagé, comme les jours précédents, la vue sur la rivière, les montagnes enneigées et leur glacier me donnent une patate d’enfer ! La chance est avec moi, je compte bien la garder avec moi. Tout peut commencer, ou plutôt se poursuivre…

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Les paysages enchanteurs m’enivrent, le soleil fait resplendir les couleurs de l’environnement, la lumière donnant à chaque teinte plus de force. Le vert semble plus vert, le bleu plus bleu et le blanc plus blanc. Tout est parfait, l’air est bon, l’eau est fraiche, je ne manque de rien et me régale !

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L’environnement me fait à la fois penser aux tropiques, tant l’air est humide et la végétation luxuriante, et à une région de hautes montagnes. Il semblerait que ça soit les deux à la fois. L’univers me convient parfaitement, je me sens vraiment en harmonie avec cet environnement vivant, beaucoup plus que dans les déserts où les grands espaces secs sans eau.

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Cette première partie de carretera austral de jusqu’à Coihaique est placé sou le signe des rencontres. Plébiscitée par les voyageurs nomades, à vélo, en camping-car en moto ou en stop, cette route, récente puisqu’ouverte à la fin des années 80, attire et il n’est pas rare de croiser d’autres « semblables ». Par semblable je nomme le voyageur. Le voyageur est, par définition, en mouvement, il vient et il va. Le voyageur vient toujours d’ailleurs et va toujours ailleurs. Le voyageur n’a pas de statut social, il appartient à ce groupe ethnique nomade, aussi divers que varié, qui vient et qui va. Le voyageur reconnait les autres membres de son groupe ethnique. Il existe des codes, des coutumes, des habitudes innées ou apprises. Il salue son semblable, lui demande d’où et il vient et où il va, donne et demande des renseignements, encourage son semblable qui en fait de même, respecte l’autre voyageur et reçoit du respect également. Le voyageur comprend l’autre voyageur. Le voyageur voyage, il ne se pose jamais vraiment, il est en mouvement perpétuel. Le voyageur ne quitte réellement son statut de voyageur que lorsqu’il quitte son statut de nomade.

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Sur cette belle portion de route, les rencontres vont bon train. Elles commencent avec Mickael et Virginie qui voyagent sur le continent en 4*4 camping-car. Ils remontent vers le Nord et me disent avoir croisé de nombreux cyclistes sur la route, chose qui ne m’étonne qu’à moitié car la saison est idéale. Nous passons bien une bonne heure et demie sous le cagnard à papoter, quand Jean-Baptiste, un cyclo allant vers le sud comme moi, nous rejoint. Après cette pause, je reprends la route, mais plus seul !

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JB, franco-canadien, vient de Lima et va à Ushuaia également. Au rythme des coups de pédales sur cette piste vallonnée, nous faisons connaissance dans l’univers tropicalo-austral !!! Les digitales et les « sombrilla de los pobres » (parapluies des pauvres) me transportent vers d’autres latitudes…

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Sur notre route, à l’occasion d’une pause, JB et moi rencontrons Oscar et son frère Adrian, deux espagnols, qui, comme nous, vont vers Ushuaia. Nous faisons route ensemble en cette fin d’après-midi en direction de la Junta. Les deux gaillards sont moins chargés que nous, à deux ils se répartissent le poids. Par cette forte chaleur, en fin de journée, nous faisons plus ample connaissance en pédalant sur nos montures dont le mécanisme commence à grincer, enrayé par toute la poussière qui vole ! DSC05367
DSC05375 Au menu de ces quelques journées, ce ne seront pas que des centaines de kilomètres que nous avalerons, mais des kilos de poussière que les véhiculent roulant à vive allure sur cette piste vallonnée qui serpente nous envoient en pleine figure. Les énormes 4*4 n’ont que faire nos signes pour leur suggérer de ralentir à notre approche, alors nous dégustons, ça croustille sous les dents ! Mais qu’importe, il fait beau, nous roulons à plusieurs dans un cadre magique et le temps est magnifique
Le lendemain, je roule avec Oscar et Adrian, JB étant resté dans La Junta pour dormir dans un camping. Avec mes nouveaux acolytes, nous allons bon train, ils ont la pêche et sont quelque peu plus légers. Même si j’accuse un peu le coup des jours passés et de la grosse chaleur, je suis emporté par l’entrain et emmène même notre petit peloton à vive allure. Quel bonheur de se dépenser, on roule comme lors d’une sortie cyclotouriste léger, la balade s’accélère ! DSC05371
DSC05378 Après une bonne longue pause dans le charmant village de Puyuhuapi, nous retrouvons JB en fin de journée, lui qui a pris une pause plus courte. Cela se nomme rouler en accordéon… Au moment où nous le retrouvons, c’est un melting-pot de cyclovoyageurs qui s’attroupe au bord de la piste. Le couple de normands dont le blog est « Vive les lamas » roulent en sens inverse avec un polonais qu’ils ont rencontré il y a peu. Sept cyclos, autant de vélos, quatre nationalités et des sacoches en pagaille !

 

La route est beaucoup empruntée par des cyclos du Monde entier, mais surtout des français. Maintenant c’est une certitude, ce sont bien mes compatriotes les cyclos les plus nombreux sur ce continent, la nationalité la plus représentée.

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Le soir nous longeons l’eau à la recherche d’un bivouac : lac ou mer, étendue d’eau douce ou fjord salé ? Eh bien, il s’agit d’une langue de pacifique, un fjord, non loin duquel nous cherchons un endroit où passer la nuit ce dimanche soir. Sur la gauche de la piste, nous trouvons une maison abandonnée qui fera plus que l’affaire pour loger le petit groupe que nous formons. Et ce groupe s’agrandit encore lorsque, sur les coups de 20h30, Arnaud, le belge rencontré à Bariloche nous rejoint ! DSC05384
DSC05386 Il se trouve que JB connait aussi le triathlète pour avoir roulé avec lui sur l’île de Chiloé au Chili une semaine auparavant. Le Monde des cyclos est petit et maintenant que nous approchons d’Ushuaia, les rencontres deviennent de plus en plus probables. La majorité a choisi d’y arriver en plein été austral, la convergence commence et les rencontres augmentent… Nous voilà 5 ce soir à partager le repas, et bien plus ! Pour ma nuit, je me constitue un matelas avec des énormes feuilles…
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Au programme de lundi, un petit col de 17 lacets aux pentes assez prononcées et quelque peu exigent physiquement. Il est d’autant exigent que le rythme imprégné par les deux hispaniques est élevé. Peu à peu, le peloton se disloque et je me retrouve entre les deux frères devant (que je ne vois plus) et JB et Arnaud (ce dernier ayant eu des problèmes mécanique avant le col). Dans l’effort del l’ascension, je prends un plaisir difficilement descriptible. Je retrouve en haut Oscar et on frère. DSC05394
DSC05389 Sur notre route, nous croisons en sens inverse quelques cyclos, un allemand, des suisses, des hollandais, etc… On se croirait au Ventoux !!! A l’heure du déjeuner les frangins ne s’arrêtent pas, étant certainement remplis par leur gigantesque « petit » déjeuner. Après mon repas et une bonne sieste réparatrice, JB me rejoint. La route continue et sur l’asphalte maintenant ! Arnaud nous avait prévenu qu’il irait à faire une balade à pied et ferait un détour vers Puerto Cisnes, donc nous ne l’attendons pas et filons.
Cela dit, JB comme moi, est épuisé des efforts consentis durant la matinée. Nous continuons en duo en direction de Coihaique, qui marquera la transition entre la première et la seconde partie de cette longue carretera austral. Nous bivouaquons, mais écourtons nos discussions quand les moustiques nous font comprendre que nous ne sommes pas les maîtres des lieux. Et le mardi matin, ce sont les taons qui nous chassent ! Après une cinquantaine de bornes sans pause, nous arrivons à Manihuales, notre route s’arrête là. DSC05398

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Une envie de faire une pause se fait sentir après 11 jours passés sur nos montures. Manihuales, et plus précisément la « casa de ciclistas » du village, s’y prête parfaitement. JB comptait s’y rendre et l’idée me plait. Il s’agit de la maison de Jorge et Diana où le cyclovoyageur est bienvenue ; « mi casa es su casa » comme dit l’adage. L’endroit nous plait, nous y restons mercredi pour vaquer à divers ateliers : couture, réparation, articles, sieste, lessive et surtout entretien du vélo !!!

 

Le bilan matériel après 12 000 km est plutôt satisfaisant, cf. prochain article…

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15 janvier 2013 2 15 /01 /janvier /2013 18:35

Plongé au cœur d’un univers sauvage en totale harmonie avec l’environnement verdoyant de cette contrée surprenante…

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Une fois passé de l’autre côté de la frontière et le contrôle sanitaire effectué, je me dirige vers ma première ville chilienne : Futaleufu, haut lieux des sports d’eaux vives, et pour cause ! Le rio du même nom que la commune est un des plus prisés du monde pour la pratique du rafting, la rivière étant de classe internationale. De plus, cette rivière et les nombreuses autres de la région sont d’une couleur magnifique et coulent dans un décor digne de « Jurassik Park ». DSC05288
DSC05266 Comme les derniers jours, le temps est au beau fixe, pas un seul nuage en vue ! L’astre brille haut dans le ciel et dispense sa chaleur. La température a bien changé, il fait maintenant 35°C. Et dire qu’il parait que dans cette zone il pleut beaucoup, j’ai une chance inouïe (vous verrez par la suite que cette chance va perdurer très longtemps encore…). Me voilà bien loin de l’altiplano et de ses 4 000 m, je me rapproche du niveau de la mer et évolue entre 200 et 400 m. Mais même s’il n’y a pas de col, les côtes sont rudes…
En effet, à peine après avoir traversé la frontière, les pourcentages ont radicalement changé pour me faire suer sur la route vallonnée jusqu’à Futaleufu. Et après cette bourgade touristique, la route asphaltée s’arrête net et se transforme en une piste caillouteuse où les côtes présentent des inclinaisons redoutable, de vraies montagnes russes ! Vue la forte chaleur, je perds beaucoup d’eau, mais fort heureusement, ce n’est pas ce qui manque par ici, ouf ! Les rivières m’offrent des sources inépuisables de ce liquide précieux. DSC05261

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Les panneaux me laissent toujours perplexes, comme celui qui indique une forte côte en symbolisant un camion qui monte, et non une voiture, ou encore celui qui indique une zone de risque de chute de pierres que l’on pourrait plutôt rebaptiser : « attention, chute de météorites imminente » !

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L’effort est oublié dans la contemplation du paysage qui n’a de cesse de m’émerveiller à chaque détour de virage ou après chaque montée. Lacs, montagnes enneigées, végétation luxuriante, rivière, plages, la Patagonie chilienne me dévoile ses charmes en accord avec les éléments qui ont décidé de contribuer à la fête en m’offrant un temps de rêve.

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La rivière m’attire et me donne envie de camper à ses côtés comme la veille dans le pays voisin. C’est en cherchant un accès à celle-ci que j’arrive sur le terrain de Marcela. La propriétaire des lieux me propose de suite de camper sur son terrain, près de sa maison, qui lui sert de lieux de villégiature durant l’été, mais surtout d’auberge pour accueillir des « rafteurs » et des kayakistes venus dans la région pour s’adonner à ces sports. La rivière est à deux pas de sa maison, elle a accès à une belle plage de galets.

Sportive et dynamique, cette dame m’accueille à bras ouverts, belle entrée en matière au Chili ! Dans le jardin, un jeune chilien, Fédérico, bricole son vélo. J’apprends que ce dernier se prépare pour parcourir à vélo la fameuse « carretera austral », route que je vais moi aussi parcourir et qui se trouve tout près d’ici. Ce dernier est un ami de la fille de Marcela et profite de ses vacances pour quitter Santiago et venir prendre une grande bouffée d’oxygène dans la région et surtout se lancer dans ce qui sera sa première expérience de voyage à vélo. Sa maman, d’origine anglaise, vient d’arriver après 3 jours de voyage. Le courant passe très bien entre Fédérico et moi, et avec sa mère aussi.

Naturellement, je l’aide à bricoler et me mets spontanément à lui donner des trucs utiles, des astuces, etc… Bref, je partage mon expérience ! Fédé est avide d’informations, il s’intéresse grandement à ce que je peux lui transmettre, c’est ainsi que nous passons presque deux heures à discuter et à bricoler. Réglages des vitesses, des sacoches, de la selle, ajustement du porte-bagages, vérification des pneumatiques, conseils divers, tout y passe. Maintenant cyclovoyageur aguerri, je prends un grand plaisir à partager mon expérience, qui ne reste que la mienne, mais qui est aussi issu de mon vécu et des expériences d’autres cyclo qui me l’ont transmise… Sa maman me remerciera discrètement après notre séance de « préparation », en me glissant à l’oreille « merci beaucoup, ça me rassure ». Et je la comprends, une maman a besoin d’être rassurée. J’en profite pour remercier mes parents de toujours m’avoir fait confiance, j’espère les avoir rassurés comme il se doit.

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La maman de ce jeune homme m’invite à les rejoindre pour dîner, chose que j’accepte avec grande joie. La famille de Fédé est entièrement bilingue, et au cours du repas, anglais et espagnol seront parlés. Sur la terrasse, Marcela me montre ce qu’elle prépare dans son wok géant. L’odeur me nourrit déjà et les couleurs me font rêver, je sens que cela va grandement me changer de mes repas à base de pâtes ou de riz. A l’intérieur se trouve la famille de Fédé et celle de Marcela et aussi un kayakiste anglais. DSC05278
DSC05281 Marcela, tout comme la maman de Fédé, est intéressé par mon voyage, elle-même étant une aventurière sportive. En plus d’être une grande sportive, elle est une fine cuisinière, elle nous réserve un dîner plus que parfait : une belle tablée, un bon repas et une bonne ambiance ! Apéritif, entrée, soupe, plat principal raffiné et bien présenté, bon vin chilien et dessert glacé avec des framboises, un régal pour les papilles ! La Marcela, comme ils disent, est un sacré personnage, elle a un caractère affirmé et est adorable.

 

Avec elle et le copain de sa fille, nous refaisons le Monde jusqu’au petit matin autour du même bon vin. L’échange n’est pas dénué d’intérêt, il est bon d’avoir des discussions profondes en allant au-delà des discussions banales. En espagnol ou en anglais, nous dissertons à voix haute en partageant nos avis et nos réflexions. Il ne fait aucun doute que mon espagnol me sert grandement et me permet de transformer de mon voyage. Je vous écrirez un article sur ce point-là prochainement…

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Le lendemain, je reprends la piste, monte, descend, sue, exulte de bonheur, mange de la poussière, contemple, évite de tomber des dizaines de fois, saute de joie, me ravitaille dans les rivières en eau fraiche, contemple, respire à plein poumon, monte, descend, vis !!!

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La carretera austral est proche, je la sens, je baigne déjà dans son atmosphère si particulière et le soleil brille toujours haut dans le ciel…

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10 janvier 2013 4 10 /01 /janvier /2013 19:52

L’aventure, qui a débuté le lundi 25 juin 2012 au matin, dure maintenant depuis 200 jours et 200 nuits. Que de chemin parcouru déjà ! En quelques chiffres, voilà ce qui a été réalisé à présent : 80 % en temps, 85 % en km et 90 % en dénivelé.

Progression après 200 jours

200 jours :

11 500 km au compteur

125 000 m de dénivelé

160 j à vélo et 40 j de pause

Tout entièrement à vélo !

200 nuits :

100 bivouacs sous tente

50 nuits chez l’habitant

50 nuits dans des lieux variés

Aucune nuit en hôtel !

Pour information, Bagherra se porte on ne peut mieux, elle et moi sommes fin prêts pour attaquer le dessert glacé du périple !!!

 

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L’aventure à vélo s’achèvera le dimanche 24 février 2013 au soir à Ushuaia, soit après exactement 8 mois jour pour jour ! A suivre…

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Progression

Arrivé à USHUAIA dimanche 24 février après 8 mois de pur bonheur, près de 14 000 km et 150 000 m de dénivelé !

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Liste complète des articles publiés 

Présentation

Photo Adrien en bici

Ce blog présente mon voyage à vélo en solitaire en Amérique du Sud le long des Andes de Caracas à Ushuaia à travers 7 pays. De la mer des Caraïbes à la Terre de Feu, vivez l'aventure sur le blog avec moi !

 

Adrien

 

 

Je suis Adrien et j'ai 26 ans. J'ai choisi de prendre le temps de voyager et de réaliser un rêve en partant parcourir les Andes à vélo. J'aime les voyages, l'aventure, le sport et la nature....

 

 

 

Vidéo de présentation de l'aventure

Musique

 

Plus de toit ni de murs