Des sacoches pleines de babioles et comme bagage l’espagnol !
Dans mes sacoches pleines de rêve, j’ai embarqué du matériel de camping, des équipements pour le vélo, des vêtements, un appareil photo, etc… mais également mon espagnol. La langue de Don Quichotte comme bagage, rien de tel pour partir arpenter la cordillère des Andes qui traverse exclusivement des pays hispanophones. Dans les sept pays que j’ai traversés, le castillan, comme disent les latino-américains, est la langue officielle, et la manier m’a ouvert de nombreuses portes…
Tout gamin déjà, depuis la classe de 4ème, cette langue me plaisait, m’attirait, me donnait envie de voyager… L’attrait pour l’espagnol était sans nul doute lié à la manière dont il m’a été enseigné ; en musique, en apprenant la culture hispanique et latino-américaine, autant à l’oral qu’à l’écrit. En classe européenne d’espagnol, avec un bon petit groupe d’amis, j’ai appris à aimer cette langue, à la découvrir au-delà de la grammaire et de la conjugaison. M. Marí, un super prof qui venait en cours avec sa guitare, a fortement contribué à cette époque à cet attrait qui a perduré dans le temps. Les voyages scolaires en catalogne et en Andalousie n’ont fait que contribuer à mon envie de voyager en pays hispanophone.
L’envie de pratiquer cette langue qui devenait de plus en plus vivante pour moi a pris de l’ampleur tout au long de mes études supérieures. Durant ces années, j’ai toujours gardé cette langue comme cours de seconde langue vivante. Mais je la préférais à l’anglais et la considérais plus comme une première langue avec l’envie de la parler couramment. Comme une envie d’aller au-delà de la péninsule ibérique, je ressentais l’appel de l’Amérique Latine, là où je voulais parler cette langue que je voulais vraiment vivante !
En 2008, mon stage de 3 mois au Costa Rica m’avait enfin permis de mettre entièrement en pratique les 9 années d’apprentissage. N’étant pas parti, comme je l’avais voulu un moment, faire « Erasmus » en pays hispanophone, j’avais profité de ce stage pour partir suffisamment longtemps pur pratiquer. Immergé totalement durant 90 jours, mon niveau avait littéralement augmenté. De plus en plus à l’aise à l’oral, le mécanisme de traduction devenait de plus en plus fluide, si bien que je ne réfléchissais plus en français. Je pouvais enfin me servir de cet outil fabuleux pour communiquer vraiment.
Bercé depuis des années par de la musique latino, je n’ai jamais cessé d’entendre de l’espagnol, comme une envie de ne pas perdre… Et durant mes années en Martinique, j’ai pu pratiquer encore cette belle langue, à l’occasion de voyages dans la Caraïbe, de rencontres, ou encore avec une amie ou mon colocataire espagnol. Naturellement, le choix de l’Amérique du Sud s’est fait pour ce long voyage à vélo, en emportant comme bagage cet outil précieux !
Et précieux il le fut, et il l’est encore ! Il a donné au voyage une tournure « humaine », en lien avec les populations. Des peuples des côtes à ceux venus de la selva (forêt amazonienne), des peuples andins aux citadins, des Quechua et Aymara aux Mapuche et Tehuelche, des vénézuéliens aux patagoniens en passant par les colombiens, les équatoriens, les péruviens, les boliviens, les argentins et les chiliens, l’espagnol m’a toujours permis de communiquer, d’échanger, de philosopher, etc… de partager simplement des tranches de vie sans langue comme barrière.
L’espagnol comme clé pour ouvrir la porte de la communication ! Un bien précieux que je n’ai cessé d’adapter en fonction des expressions et des accents des différentes régions et des différents pays. Facilitateur de rencontre, l’espagnol m’a permis et me permet de rentrer sans peine en contact avec les « locaux » dans « leur » langue. Comme un sésame, il permet de casser cette frontière culturelle et permet d’accéder à beaucoup plus que ce pourrait apporter une conversation faite à base de geste ou de quelques mots de base.
Parler l’espagnol m’a aussi permis de ne pas me faire « avoir ». Il m’a permis d’éviter des entourloupes. Il m’a permis de rapidement me faire une idée des personnes rencontrées. Il m’a permis de savoir me faire fermement comprendre quand ce fut nécessaire. Il m’a permis de négocier comme un marchand de tapis. Il m’a permis de demander une foule d’informations pratiques. Et surtout, il m’a ouvert de très nombreuses portes et m’a permis de rencontrer des gens adorables et généreux avec qui j’ai vraiment pu échanger.
Pouvoir parler avec les populations rencontrées permet de connaître vraiment un pays, ce qui en fait ce qu’il est. Le voyage ne se limite alors pas à la découverte des lieux traversés, il se fait en lien avec les gens. On ne connait vraiment un pays que lorsqu’on connait ses habitants et ses mœurs, ses coutumes, ses traditions, ses modes de vie, ses pensées, ses réflexions, etc… Et pour accéder à tout cela, la maîtrise de la langue facilite grandement la tâche. Et la tâche est plus que plaisante. C’est un réel bonheur de pouvoir vivre pleinement ce voyage, sans se sentir si étranger que cela. Etranger, on le reste, mais l’effort de parler la langue est reconnu et plait, il force le respect et fait presque oublier la différence. Enfin, au-delà des différences culturelles, nous sommes tous des Hommes, et quand la barrière de la langue tombe, les différences tombent plus facilement.
C’est ainsi équipé que j’ai entamé mon voyage il y a maintenant 7 mois ! J’ai pris et je prends un grand plaisir à pouvoir ainsi vivre cette expérience si enrichissante.