Bons moments de convivialité et de partage comme je les aime
Ce vendredi soir, c’est décidé, je dors en dur, sous un toit ! C’est à Buta Ranquil, une petite ville isolée près du majestueux volcan Tromen, que j’arrive en fin de journée. Décidé à ne pas camper en raison du fort vent, je rentre dans la bourgade. A peine ai-je le temps de commencer à chercher qu’un gamin me demande ce que je recherche et quand je lui réponds un toit, le minot me dit « d’accord, je vais t’en trouver un ». Bryan, jeune ados légèrement handicapé (je l’apprendrai plus tard), m’invite donc à le suivre… |
Heureux comme tout, mais perplexe, je le suis jusque chez lui. Mais ses parents refusent et le brave garçon revient vers moi avec une mine déconfite, mais il n’est pas abattu pour autant. Moi non plus je ne le suis pas et lui demande de m’emmener chez les pompiers volontaires. Mais sur le chemin, nous croisons un homme, qu’il appellera tonton (même s’il n’est pas de sa famille), et il lui explique que ce que je cherche. Avec un grand sourire, ce cher monsieur accepte et me convie dans son foyer. |
Lui est Chilien d’origine et elle vient de la province de Rio Negro. Divorcés chacun de leur côté, ils se sont unis pour le meilleur. La famille est nombreuse, mais tous les enfants sont partis et vivent ailleurs. Olga a monté son salon de coiffure ans son salon et travaille aussi à domicile. Mario lui est dans la construction. Il a bâti nombre des maisons du village. Venu à 17 ans du Chili, il n’a jamais quitté l’Argentine depuis cette date, sa vie est ici. Il me raconte sa jeunesse au Chili lorsqu’il courrait comme cycliste régionale, et c’est avec une grande émotion qu’il revit avec moi ces tranches de vie. C’est aussi avec une grande émotion, touchante d’ailleurs, qu’Olga me raconte son passé difficile. Cette dernière a du caractère et ne s’est jamais laissé abattre, elle est fière de sa ténacité et de son courage et je la comprends bien, la respecte et apprécie beaucoup qu’elle se livre. Moi aussi, je parle beaucoup (pour ce qui me connaissent, ce n’est pas nouveau) et c’est dans l’échange que ces moments de convivialité se transforme en un vrai partage.
Ce soir nous partageons un bon repas et avant que j’aille me coucher, Mario me glisse dans l’oreille « tu peux rester demain, lève-toi quand tu veux, repose-toi… ». C’est vrai qu’un peu de repos ne me ferait pas de mal, surtout après les journées fatigantes qui viennent de passer. L’endroit est idéal pour rester, ils sont adorables, ont envie que je reste et le cadre est vraiment joli, leur cuisine bénéficie d’une vue est imprenable sur le volcan Tromen. Je m’endors donc serein, prêt à me reposer…
Je décide donc sagement de rester tranquillement ici et de toute façon mes hôtes ne m’auraient pas laissé partir. Ce vent est une bonne occasion de passer une journée de plus ensemble et, à vrai dire, une journée de repos de plus ne sera pas du luxe.
Pendant que Mario est allé faire des courses, Olga part chercher une boite qui renferme un trésor… Des albums photos ! Récentes ou anciennes, les clichés qu’elle me montre me permettent de mettre des visages sur les noms des nombreux membres de la famille. De même, je lui montre mon petit album ainsi que des photos que j’ai sur mon disque dur. La pause photos est suivie d’un atelier cuisine : empanadas au menu. L’odeur de friture fait chanter le piaf coloré qui s’agite dans sa cage.
Aujourd’hui, le Tromen a revêtu son « sombrero », un énorme nuage lenticulaire, signe d’une journée très venteuse selon mes hôtes. Cela dit, en fin de journée, il quittera son couvre-chef, ce qui s’annonce bien pour le lendemain. C’est la bedaine pleine que je m’en vais faire une sieste après ce repas riche. 3 heures plus tard, je me réveille et constate l’étendue de cette « petite » sieste digestive.
Avant que le week-end ne se termine, Mario et Olga veulent m’emmener dans un endroit exceptionnel… A quelques kilomètres du village se trouve un cratère énorme formé par l’impact d’une météorite il y a plusieurs siècles seulement. Excité à l’idée de découvrir ce lieu, je me prépare et me dit que ce sera une première. J’en ai vu des choses, mais ça, ce sera insolite pour moi. Ce cratère est appelé « la olla », i.e. « la casserole ».
Lorsque nous arrivons sur les lieux, je n’en crois pas mes yeux. Un trou d’une cinquantaine de mètres de profondeur sur 300 mètres de diamètre se trouve là sous mes yeux. Il ressemble étrangement à un cratère volcanique. Bel endroit qui dégage quelque chose de mystique. Je ne suis jamais blasé des merveilles de la nature, la contemplation me fascine toujours. Je ne m’en contenterai pas cela dit, je descendrai au fond !
Au moment du départ, nous échangeons nos coordonnées, nous prévoyons de nous revoir pour nouvel an. Ils passeront la nouvelle année en famille à Villa La Angostura, non loin de Bariloche, justement où je serai à cette période… C’est les sacoches pleines de nourriture, mais surtout le cœur rempli, que je reprends la route ce lundi matin.
Un grand merci à vous Mario et Olga, à bientôt…