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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 15:44

Le vent souffle fort, s’arrête, change de sens, reprend de plus belle, rechange de sens, diminue d’intensité et ainsi de suite… Il n’obéit à aucune règle !

 

Quand le vent se déchaine, d’étranges nuages se forment dans le ciel…

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Non, ce n'est pas une attaque d'OVNI !

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Un avant-goût des vents de Patagonie

Au Sud de Malargüe, toujours dans la province de Mendoza, j’ai un avant-goût des forts vents qui m’attendent par la suite. Balayé par des rafales sans pitié, je reçois avec une force incroyable de la poussière, de la terre et des graviers soulevés par un vent de côté redoutable sur cette piste qui me mène vers Bardas Blancas. Garder le cap n’est pas une tâche facile, mais je m’y attèle en fredonnant ce qui me passe par la tête. Le vent est un paramètre comme un autre, comme le soleil, un col, du sable… M’arrêter n’est pas la solution. Tant que je tiens debout, je ne cède pas. Cependant, je reste humble face aux éléments et les évalue toujours avant de faire un choix.

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Quand l’heure du déjeuner arrive, enfin quand la faim se fait sentir, aucun abris ne se présente et ce n’est pas faute de chercher et de faire de nombreux kilomètres pour en trouver un. Dans ces grands espaces sans villages et sans arbres, il me faut me résoudre à pique-niquer tant bien que mal. Imprévisible, ce vent tournoie et varie sans cesse en intensité. Caché derrière ma monture et protégé par mes sacoches, je mange misérablement mon casse-croute agrémenté de grains de poussière charriés par ce satané vent, grains qui rendent mon encas quelque peu croustillant.

DSC04643 En fin d’après-midi, je bénéficie d’un vent d’arrière qui me propulse à un rythme saccadé le long du rio Grande. Par chance, la route est plutôt rectiligne, le vent ne change pas de sens et semble même vouloir s’arrêter. Moi aussi d’ailleurs je compte bien m’arrêter, alors je scrute le terrain. Mon lieu de bivouac trouvé, je mange et attends, attends, attends… Ce n’est que tard dans la soirée, à 22h passé, que je monte ma tente. Par chance, le vent se calme vraiment cette nuit et me laisse me reposer sereinement.
Le lendemain, le vent n’est pas de la partie en journée, mais la belle route se transforme vite en piste irrégulière et vallonnée. J’évolue toujours dans la vallée du rio Grande, rivière qui a quitté son grand lit, large et confortable, pour un canyon étroit et sinueux. Mes réserves en eau diminue et je suis très loin du prochain village. En fin d’après-midi, un col « surprise » de 25km vient ajouter une couche ! Ce n’est qu’à 20h que mon étape se termine. J’ai trouvé une ferme près de laquelle je campe, mais la nuit ne sera pas de tout repos… DSC04656

 

Une nuit plus que mouvementée !

Exténué par les efforts consentis cette journée, je m’endors sans manger à 21 h. Paisiblement, le corps se relâche et les muscles se détendent. Tout va pour le mieux, quand à 3 h le vent me réveille. Mon estomac se réveille aussi alors je mange le repas que j’avais prévu pour le diner et me rendors. Mais le vent est de plus en plus fort et fait maintenant claquer la toile de ma tente. Le bruit est si fort qu’il me fait tressaillir. Impossible de me rendormir, les rafales sont d’une puissance redoutable. Ma toile de tente est soumise à rude épreuve, les arceaux se courbent. Il me faut maintenir la tension de la toile avec mes bras, alors j’appose mes mains de part et d’autre et résiste… Mais le problème est de taille : le vent a changé de sens ! Entre le moment où j’ai planté la tente et maintenant, à 4 h du matin, le vent a tourné de 90° et fouette latéralement ma pauvre toile, qui lui offre une bonne prise au vent. Pour la première fois en 100 bivouacs, je ne suis pas serein sous mon toit de toile… Me voilà en présence d’un vent qui n’a de cesse de s’intensifier, qui souffle perpendiculairement à l’axe de ma tente et par à-coups. En effet, je suis soumis à des rafales surpuissantes. Fatigué, je tente de me rendormir en espérant que ce n’était que temporaire. Alors, pendant 1 h, je dors d’un œil et somnole plus qu’autre chose…

Mais à 5 h, c’est la catastrophe, l’abside s’est ouverte et le vent s’y engouffre. Les sardines (piquets de tente) s’envolent, tout l’avant de la tente n’est plus accroché au sol. La situation est critique, d’autant que les arceaux se courbent de plus en plus, grincent et menacent de céder à tout instant. Les rafales s’intensifient et sont de plus en plus fréquente : c’est la crise ! Il me faut réagir rapidement, alors je sors en caleçon dans la tempête et retient de toutes mes forces la tente. D’autres sardines ont volé et la tente est ballotée dans tous les sens. Toutes les sacoches sont à l’intérieur et leur poids devrait permettre de la maintenir au sol le temps de la manœuvre, du moins c’est ce que j’espère… J’entreprends de réorienter la tente dans l’axe du vent afin de limiter la casse. L’opération est délicate car il me faut procéder en plusieurs fois vu qu’il m’est impossible d’enlever trop de sardines, sous peine de voir ma demeure s’envoler. Me voilà seul face à mon sort, seul pour agir, seul dans la nuit, dans la tempête, seul pour résoudre ce problème critique, seul face au stress que procure la situation. Il ne me faut pas lui laisser de place à ce stress, ne pas paniquer, mais, malgré la tempête, laisser le calme reigner à l'intégireur et agir vite et bien !

Néanmoins, malgré les précautions que je prends et malgré mes efforts, le vent est plus fort. En moins d’une seconde, au moment où je réoriente la tente, le vent l’emporte avec tout ce qu’il y a dedans et elle se retrouve plaquée contre l’arbre sous lequel je l’avais monté. La vision est cauchemardesque, en instant, je vois toutes mes affaires à deux doigts d’être emportées dans la tempête. A deux doigts car l’arbre retient précairement le tout à trois mètres de moi et car je la tiens par un bout de ficelle. L’action est de mise, je réagis au quart de tour pour sauver mon matériel et lutte à bout de bras pur replacer comme je peux ma toile de tente qui, comme une voile de parapente ou de kite-surf, se gonfle et se tend. La toile claque et les arceaux plient. Avec du mal, je parviens tout de même à la mettre dans le « bon » sens. Il me reste quelques ficelles en surplus que j’ai au cas où et c’est le moment de les utiliser. Je tends au maximum la toile, range le bazar dedans et m’assois sous mon toit pour reprendre mon… souffle ! Une demi-heure de folie qui s’achève par la constatation des dégâts : un peu de toile déchirée, quelques sardines en moins et, le pire, 3 arceaux sacrément tordus. Cela aurait pu être pire, c’est ce que je me dis.

Seulement, le vent souffle toujours aussi fort (et ce sera le cas jusqu’au lendemain après-midi). Mais, la fatigue l’emporte sur l’inquiétude et je me rendors doucement. De 6 h à 8 h, le repos est ponctué de sursauts lorsque des rafales plus fortes que les autres viennent violement faire claquer la toile et plier la structure rigide. A 8 h donc, je me réveille et me dis qu’il serait bien de partir de ce lieu car à vélo je crains moins le vent que sous la tente. Mais, je n’ai pas mon quota de sommeil car il n’a pas été de qualité et partir faire des efforts encore fatigué n’est pas prudent. Alors, je me recouche et même si le vent a encore un peu tourné, j’ose espérer qu’il ne m’emportera pas durant mon sommeil. Je me recouche et dors comme une masse cette fois-ci. Ouf, à 10 h, après un vrai cycle de sommeil, je suis toujours là, au même endroit et la toile est toujours au-dessus de ma tête.

Démonter la tenter et la ranger par ces bourrasques n’est pas évident, mais heureusement, le vent a maintenant légèrment faibli. Je profite du calme entre deux rafales pour ranger à la vitesse de l'éclair le tout. Me voilà fin prêt à reprendre la route. Voilà une nuit dont je me rappellerai ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que je m’en tire pas trop mal, mais je ne suis pas entièrement rassuré pour mes prochains bivouacs en Patagonie… La structure en aluminium a souffert et reste fragile. On verra bien… Cela dit, je me promets de dormir beaucoup plus chez l’habitant et de m’arranger, dans la mesure du possible, pour adapter mes étapes au mieux afin d’arriver à chaque fin de journée dans une zone habitée.

 

Je repends ma route à vélo en direction de Barrancas dans la province de Neuquén. Je résiste aux assauts du vent. Qu’il soit dans le dos, de face ou latéral, je reste cramponné à mon guidon. Qu’il me freine ou qu’il me pousse, il est toujours possible qu’il tourne, alors je reste en permanence concentré, attentif, sur mes gardes. Le vent de côté est le pire ! Latéralement, j’offre, avec le vélo et les sacoches, beaucoup plus de prise au vent. Les rafales latérales sont celles que je redoute le plus car elles me déportent rapidement. De plus, il suffit que la direction du vent ou mon cap change de quelque degrés pour que d’un vent latéralement favorable je passe à un vent latéralement défavorable, auquel cas, je suis stoppé net. Il me faut pourtant m’habituer à ce nouvel élément, à sa puissance du moins, tout comme je l’ai fait avec la chaleur, le froid, la haute montagne, l’altitude, la grêle, le sable, etc… car la Patagonie est toute proche et qui dit Patagonie dit vent, alors souhaitez moi bon vent !

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commentaires

C
Eh bien, me voici de retour apres deux semaines intenses en France, et tu m'offre le recit une mesaventure aussi deconcertante que possible (et je peux bien m'imaginer ta deconvenue, manger du<br /> sable, j'ai deja donne!). Un article qui tient en haleine, a n'en pas douter! bon courage pour la suite de la route l'ami!
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A
<br /> <br /> Bon retour chef !<br /> <br /> <br /> <br />
D
Salut le cyclo-argentin ! Tu nous a fait vivre ta nuit cauchemardesque "sous le vent" ! Bien sur je suis enclin de te souhaiter que d'ici la fin de ton périple sud-américain cela ne se produise<br /> plus ou rarement ! A plus...
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A
<br /> <br /> Coucou, J'espère aussi ne plus avoir ce genre d'expérience. Je dors beaucoup en dur depuis 1 semaine. Allez joyeux Noel, gros bisous, je pense bien à vous<br /> <br /> <br /> <br />
F
salut ti mal !<br /> <br /> Voilà enfin un petit coucou.<br /> Pour moi j'ai mis mes aventures sur pause pour un an , mais c'est pour mieux repartir apres .<br /> Je pense de plus en plus a l'amerique du sud en suivant tes aventures.<br /> Un job en guyane sera un bon poste pour rayonner.<br /> Profite à fond man et "an lot soley".<br /> <br /> fredo.
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A
<br /> <br /> Salut Frédo, sa ka fet boug mwen ?<br /> <br /> <br /> Je te souhaite te trouver du taff en Guyane, d'ici là bon courage au Lux. A plus !<br /> <br /> <br /> <br />
R
Je me souviens d'un soir au Maroc la nuit tombée nous avons dû monter la toile de tente par un fort vent de sable. Ce fut terrible. Nous, nous étions deux alors je pense à toi à ce que tu as<br /> enduré. félicitation, bon moral, c'est c'est pendant ces moments là que l'on comprend la vie de certaines personnes. Salut Adrien et pas bon vent mais bonne route.
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A
<br /> <br /> Eh oui dur de bivouaquer par grand vent, mais je relativise toujours... <br /> <br /> <br /> A plus René<br /> <br /> <br /> <br />
D
salut mon petit chat ; je sais que tu es un guerrier ; le vent ne pourra pas arrêter ta progression , juste la freiner; une fois de plus bravo ;contre vents et marées tu te battras et continueras<br /> ta route jusqu'au bout ;du coup je ne te dis plus bon vent, tu en as eu assez, mais bonne route big kiss domi
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A
<br /> <br /> Coucou Domi,<br /> <br /> <br /> Ouep, une vrai guerrier, mais en guerre contre personne ! Gros bisous à bientôt<br /> <br /> <br /> <br />

Progression

Arrivé à USHUAIA dimanche 24 février après 8 mois de pur bonheur, près de 14 000 km et 150 000 m de dénivelé !

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Ce blog présente mon voyage à vélo en solitaire en Amérique du Sud le long des Andes de Caracas à Ushuaia à travers 7 pays. De la mer des Caraïbes à la Terre de Feu, vivez l'aventure sur le blog avec moi !

 

Adrien

 

 

Je suis Adrien et j'ai 26 ans. J'ai choisi de prendre le temps de voyager et de réaliser un rêve en partant parcourir les Andes à vélo. J'aime les voyages, l'aventure, le sport et la nature....

 

 

 

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