2 janvier 2013
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Changement de décor au coeur de la Suisse argentine
Ce 24 décembre, me route me mène dans une petite ville enclavée entre des collines et un lac. Ce
charmant endroit, qui s’appelle San Martin de los Andes, marque une transition notable avec le Nord de la Patagonie. Les forêts de conifères recouvrent les montagnes, le relief est plus
prononcé, le climat plus tempéré et les rivières, très nombreuses, sont enfin remplies d’eau ! Le décor change, la région me rappelle mes chers Vosges. Le climat aussi contribue à la
ressemblance vu que mon arrivée dans la bourgade se fait sous la pluie.
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C’est sous cette pluie fine, qui rafraichit fortement l’air ambiant, que ce soir je cherche un toit
sous lequel passer le réveillon avec l’intime conviction que je trouverai une famille « d’accueil ». Les températures se rafraichissent de plus en plus lorsqu’après avoir fait un
tour de reconnaissance, je me mets en quête d’un foyer, un endroit où crécher. Le terme est plus qu’approprié en ce jour où les crèches illuminées brillant de mille feux viennent contribuer
à la magie du réveillon.
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Dehors, il fait froid et humide. Dedans, il fait chaud et de bon mets se préparent. Je peux voir au
travers des fenêtres des belles demeures en bois de la ville les familles qui se mettent à table et je peux percevoir cette chaleur humaine dont j’ai besoin. Je pense à ma famille qui est
réunie… J’ai tout de même pu les voir par Internet, ce qui m’a fait chaud au cœur. Habitué à être avec eux pour l’occasion, mes pensées vont vers eux. Ma balade en ville se poursuit, mais
je ne suis pas actif dans mes recherches…
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Je me contente de contempler la beauté des maisons et d’imaginer ce que ceux-ci peuvent manger ou ce
que ceux-là peuvent se raconter et s’offrir. Mais je ne franchis pas le cap, je n’ose pas demander l’hospitalité. Pourtant habitué à cet exercice quel que soit l’heure et l’endroit, là je
ne le sens pas, je n’en ai pas envie en fait. Je n’ai pas envie de déranger, même si au fond de moi j’aimerais être accueilli. Cependant l’heure passe et la nuit s’installe peu à peu… Le
vent menace toujours, je ne veux pas camper.
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C’est dans une annexe du Parc National Lanin, là où travaillent le personnel habilité à éteindre les
feux de forêt, que je suis hébergé. Il se trouve qu’un des agents a invité de la famille et des amis pour réveillonner dans la grande salle, qui est en cours de décoration quand j’arrive.
Logé dans un bâtiment au fond du terrain, non loin du grand barbecue, je m’installe tranquillement et fait connaissance avec Luis et ses amis. Ils préparent un asado géant avec deux chèvres
entière et un grand agneau.
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Je les laisse un moment et vais manger mes restes, puis me reposer. J’ai envie de me retrouver seul. L’occasion est parfaite pour
regarder le film « Joyeux Noël » relatant comment des soldats ennemis ont fraternisé le temps d’un cesser le feu dans les tranchées durant la 1ère guerre mondiale. Le film
est émouvant et me transporte, j’en ai besoin… Mais, l’odeur du barbecue m’attire, l’envie de partager Noël se fait sentir aussi. A minuit, je me lève et me rapproche du brasier… Luis et là avec
ses amis.
Il me tape sur l’épaule en me disant « allez viens manger avec nous, ça nous fera plaisir ! ». Le message était
passé, il avait dû lire dans mes yeux ce que je n’ai osé demander. Je suis aussitôt emmené dans la grande salle et présenté aux convives qui m’accueillent à bras ouverts.
C’est surtout avec Hugo le goulu que je passerai la soirée, il n’aura de cesse de me resservir de la viande. Délicieuse, cette
viande l’est, c’est une cure de protéine qui m’est offerte et pour hydrater le gosier, le vin ne manque pas ! L’alcool typique argentin ne manque pas non plus, le Fernet est une sorte de
liqueur de plantes qui est bue avec des glaçons et du coca, ou seul (mais à plusieurs dans tous les cas !). La soirée se terminera tard dans la nuit, à 4 ou 5 heures… Joyeux
Noël !
En fin de compte, j’ai passé Noël en famille, pas la mienne, mais avec des gens adorables, comme à chaque fois que je suis reçu.
J’en profite pour remercier tous ceux qui m’ont accueilli, hébergé, fait confiance. L’homme est bien meilleur qu’on voudrait le faire croire !
Le lendemain, les gardiens des lieux me donnent de précieuses informations pour la suite de mon
parcours jusqu’à Bariloche le long de la route des sept lacs (à cheval sur les deux parcs nationaux : le Lanin et le Nahuel Huapi). Ces derniers me donnent aussi des renseignements sur
l’endroit où je me trouve. Je profite de ce 25 décembre pour me balader… Je pars en forêt pour une belle promenade qui me mène à un mirador avec une vue imprenable sur la ville et le lac
Lacar.
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Me promener en forêt, en sous-bois, me fait un bien fou ! Je respire à plein poumon. Adepte de la
randonnée pédestre, j’avais besoin de cette sortie depuis longtemps. Je n’avais pas randonné depuis Cuzco au Pérou. Cela dit, j’ai prévu quelques marches en montagne à Bariloche, à El
Chalten et dans le parc Torres del Paine, bien plus au Sud. Marcher me permet de changer d’activité et me permet de visiter des lieux inaccessibles à vélo. Je prends une bonne bouffée
d’oxygène !
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Le décor a changé ! La région des lacs se présente devant moi. Les 3 prochains jours seront
consacrés à la route des 7 lacs, je me réjouis d’avance en contemplant, haut perché, le lac Lacar, qui s’étend sur de longs kilomètres. J’ai toujours aimé l’eau : les rivières, les
lacs, la mer… Je n’ai sûrement pas choisi l’école de l’eau et de l’environnement par hasard ! J’ai besoin de ce contact avec les éléments, l’eau en particulier. Les manques accumulés
depuis l’Equateur, vont être maintenant comblés.
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La fin de journée, je la consacre à la découverte du centre de San Martin. Il est fort joli, il y a
beaucoup de maisons en bois, des chalets, de toutes les formes. Le bois est un matériau que j’apprécie particulièrement. Pour une vie sédentaire, je rêve d’une maison en bois.
L’architecture de la région est similaire à celle des Alpes. L’environnement me plait énormément, j’aime la montagne et le décor qui va avec. Après avoir vécu quelques années sur une ile
tropicale face à la mer des Caraïbes, je me verrais bien en montagne.
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Pour l’heure, je n’ai pas de maison, mais un moyen de
locomotion, moyen par lequel sans forcément beaucoup de moyens mais en me donnant les moyens, je vais continuer ma découvertes de cette immense Cordillère des Andes.
Published by Adrien TISSERANT